vendredi 8 janvier 2021

Chine dit libérer les femmes Ouïgoures de la maternité en les émancipant et en les rendant plus autonomes

Les Ouïgours (on écrit aussi Ouïghours) sont une ethnie musulmane d’origine turque désormais légèrement minoritaire dans son propre territoire ancestral, le Xinjiang (Hin-kiang en notation EFEO) aussi appelé Turkestan chinois. Alors qu’en 1949 la région ne comptait que 200 000 Hans (l’ethnie majoritaire en Chine), ils sont presque dix millions aujourd’hui, soit un nombre légèrement inférieur à celui des Ouïgours. Les Kazakhs (7 % de la population) et quelques autres ethnies minoritaires forment le reste de la population de ce Turkestan chinois.

Washington, d’autres capitales occidentales ainsi que de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme, accusent la Chine d’avoir interné dans la région au moins un million de musulmans, dans ce qu’elles appellent des camps de rééducation politique.

Pékin dément ce chiffre et parle de centres de formation professionnelle, destinés à aider la population à trouver un emploi et à l’éloigner ainsi de l’extrémisme et du terrorisme. Les Ouïghours seraient également soumis à des stérilisations forcées, affirme dans une étude publiée lundi Adrian Zenz, un chercheur allemand qui a déjà écrit plusieurs rapports sur les politiques chinoises au Xinjiang. Dans les deux grandes préfectures de la région où les Ouïgours sont majoritaires, le nombre de naissances aurait ainsi drastiquement chuté depuis 2016, affirme Adrian Zenz qui dit se baser sur des documents administratifs chinois et des entretiens avec des femmes locales.

 

Les taux de natalité dans les régions majoritairement ouïghoures d’Hotan et Kachgar ont chuté de plus de 60 % entre 2015 et 2018, dernière année disponible dans les statistiques gouvernementales. Dans la région du Xinjiang, les taux de natalité continuent de chuter, chutant de près de 24 % l’an dernier seulement — contre seulement 4,2 % à l’échelle nationale, selon les statistiques.

Certaines déclarent avoir été contraintes de se faire stériliser, sous peine d’être envoyées dans des camps, selon l’étude. L’implantation d’un stérilet aurait été imposée à d’autres. La Chine semble utiliser une limitation des naissances coercitive dans le Xinjiang dans le cadre « d’une stratégie plus vaste de domination ethnoraciale », écrit Adrian Zenz dans ce rapport publié par la Jamestown Foundation.

Pour sa part, Le Quotidien de Chine (organe officiel chinois) affirme que, grâce à la libération des femmes ouïgoures, la natalité de cette ethnie a fortement diminué. 

Traduction de l’article

La diminution du taux de natalité et du taux de croissance naturelle de la population dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang en 2018 a résulté de l’éradication de l’extrémisme religieux, selon un rapport publié jeudi.

Le rapport sur l’évolution de la population au Xinjiang publié par le Centre de recherche sur le développement du Xinjiang a déclaré que l’extrémisme avait incité les gens à résister à la planification familiale et que son éradication avait donné aux femmes ouïgoures plus d’autonomie pour décider d’avoir des enfants.

Les changements n’ont pas été causés par la « stérilisation forcée » de la population ouïgoure, comme l’ont affirmé à plusieurs reprises certains universitaires et politiciens occidentaux, a-t-il déclaré.

Dans un rapport de recherche publié l’année dernière, Adrian Zenz, un universitaire allemand, a déclaré qu’il y avait eu une baisse significative du taux de croissance naturelle de la population dans le sud du Xinjiang en 2018 et a affirmé que cela prouvait que la Chine essayait de limiter la taille de la population ouïgoure.

Pendant un certain temps, la pénétration de l’extrémisme religieux a rendu la mise en œuvre de la politique de planification familiale dans le sud du Xinjiang, y compris les préfectures de Kashgar et Hotan, particulièrement difficile, selon le rapport du centre de recherche. Cela a conduit à une croissance démographique rapide dans ces régions, certains extrémistes incitant les habitants à s’opposer à la politique de planification familiale, ce qui se traduit par la prévalence du mariage précoce et de la bigamie et de fréquentes naissances non planifiées.

Dans le processus d’éradication de l’extrémisme, les esprits des femmes ouïgoures ont été émancipés et l’égalité des sexes et la santé reproductive ont été promues, elles ont donc cessé d’être des machines à fabriquer des bébés, a-t-il déclaré. Les femmes s’efforcent depuis d’améliorer leur santé, leur confiance en elles et leur indépendance.

Les politiques de planification familiale ont été pleinement mises en œuvre dans la région conformément à la loi, indique le rapport.

En 2017, le Xinjiang a révisé son règlement sur la population et la planification familiale, stipulant que tous les groupes ethniques devraient mettre en œuvre une politique unifiée de planification familiale permettant aux couples des zones urbaines d’avoir deux enfants et ceux des zones rurales trois. [Auparavant, les Hans étaient soumis à la politique de l’enfant unique, politique qui a depuis été abandonnée.]

Le rapport du centre de recherche indique que des mesures contraceptives sûres, efficaces et appropriées sont désormais disponibles pour les couples en âge de procréer au Xinjiang, et que leurs décisions personnelles quant à l’utilisation de ces mesures — qui incluent la ligature des trompes et l’insertion de dispositifs intra-utérins — sont pleinement respectées. En conséquence, le taux de natalité au Xinjiang est passé de 1,6 % en 2017 à 1 % en 2018 et le taux de croissance naturelle de la population est passé de 1,1 % à 0,6 %.

La population ouïgoure est passée de 10,2 millions en 2010 à 12,7 millions en 2018, soit une augmentation de plus de 25 %, tandis que la population des Han dans la région n’a augmenté que de 2 % à 9 millions au cours de la même période.

Le rapport indique qu’un nombre croissant de personnes dans le sud du Xinjiang décident de se marier et d’avoir des enfants plus tard dans la vie, voyant les avantages de naissances moins nombreuses, mais meilleures, et le changement est davantage dû à un choix personnel qu’à une politique gouvernementale.


Photo prise en 2020 d’un document de janvier 2018 indiquant à Gulnar Omirzakh, Kazakhe née en Chine, qu’elle doit payer une amende de 17 405 RMB (2685 $ américains) pour avoir donné naissance à un troisième enfant. Elle a quitté la Chine et vit désormais à Shonzhy au Kazakhstan. Elle affirme avoir été forcée de se procurer un dispositif contraceptif intra-utérin et que les autorités chinoises ont menacé de la détenir si elle ne payait pas l’amende pour avoir eu un troisième enfant. Détails.

1 commentaire:

Raoul a dit…

Au Québec, l'école sert à libérer les filles et a exactement le même résultat : d'énormes études trop longues (pour les garçons comme les filles !) et une natalité désastreuse.